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littérature religieuse, aussi remarquable par la fermeté de l’enseignement que par les ressources et les grâces du langage. L’autorité morale y est si doucement tempérée et comme déguisée par l’humilité personnelle ; la rigueur inflexible des principes s’y allie si bien à une affectueuse sympathie ; la forme littéraire en est si constamment distinguée, en même temps que la préoccupation du prédicateur y est si sainte ; le tout est si pur, si vrai, si mesuré ; en un mot, ces volumes, forment un livre si humain, si élevé, si bienfaisant, qu’on finit par s’y attacher avec un sentiment mêlé de reconnaissance et de vénération.

Nous avons dit que les premiers discours de Vinet sont essentiellement apologétiques. Toute prédication l’est aux yeux de l’auteur ; il pense que, d’une manière ou d’une autre, un prédicateur est toujours appelé, non-seulement à expliquer l’Évangile, mais à le prouver. Toutefois, on s’aperçoit facilement que Vinet a peu de goût pour les arguments historiques ou extérieurs et pour tout cet enchaînement de déductions par lesquelles le prosélyte doit être conduit de l’authenticité des écrits bibliques à leur crédibilité, de leur crédibilité à la réalité des prophéties et des miracles rapportés dans ces livres, enfin de la réalité des miracles à la divinité de la doctrine. Ce n’est pas que notre apologète n’allègue jamais ces preuves ; mais il se contente d’y renvoyer d’une manière générale, il y insiste peu et il a tout l’air de les accepter de confiance pour lui-même et de les recommander aux autres sur la foi des théolo-