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LITTÉRATURE CONTEMPORAINE

croient ses conducteurs spirituels. Mais le mensonge, dans ce monde, a une fâcheuse tendance à percer. Obéissant à leurs instincts de turbulence et à leur besoin d’agitation, les chefs de file ne tardent pas à froisser les populations, à inquiéter les intérêts, à provoquer les résistances. Une contre-révolution, dans ces cas-là, n’est jamais bien loin, et voilà encore une fois que tout est à recommencer !

II

Je suis fort éloigné de méconnaître les avantages du régime démocratique ; je me demande même si l’écrivain qui nous occupe leur a fait la part assez large. Il est certain qu’en mettant le pouvoir aux mains de tous ou, pour parler exactement, aux mains du plus grand nombre, la démocratie le rend plus inattaquable. La pyramide est placée sur sa base et résiste mieux aux efforts qui chercheraient à l’ébranler. La royauté, l’oligarchie n’ont pas de forces propres ; il suffit que le pays se prononce contre elles pour qu’elles perdent et leur droit d’être et leurs moyens de résistance, tandis qu’en s’appuyant sur les suffrages de la nation un gouvernement a pour lui à la fois le droit et la force. C’est en ce sens que le gouvernement démocratique est en effet le dernier mot de la politique. On se sent, avec lui, arrivé au tuf, — ce qu’un affreux réactionnaire exprimait à sa façon en disant qu’une fois au fond du fossé on ne saurait rouler plus bas ! Mais je parle ici sérieusement, et je recon-