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nous trouvons en nous comme quelque chose d’inné, ne se présente pas avec le caractère de ce qui ne saurait être expliqué davantage, ou dérivé de rien d’antérieur. Le seul sentiment de la nécessité, par exemple, de supposer une cause à tout phénomène, David Hume lui-même ne l’a pas nié, mais il en a cherché avec raison l’explication, et certainement il n’eût pas admis la qualité occulte d’une faculté hypothétique et inexplicable. Se contenter de distinguer la raison de la sensibilité et de la personnalité, la déclarer indépendante de l’une et de l’autre, ne suffit pas pour lui donner cette objectivité que M. Cousin lui attribue. Kant non plus ne fait dépendre la raison ni de la volonté ni de la sensibilité, et pourtant, comme l’auteur l’a reconnu, elle n’a, selon Kant, qu’une valeur subjective. D’après M. Cousin, la raison n’est pas subjective, ou dérivée de la personnalité ; mais il ne la conçoit néanmoins que dans le sujet, en nous ; or, c’est précisément pour cela qu’elle a besoin d’être expliquée, si l’on veut lui reconnaître une véritable objectivité, dans un autre sens que celui de Kant. Cette explication, on le voit aisément, ne devient possible qu’autant qu’on admet que la raison vient elle-même de l’objet, non, certes, par l’intermédiaire des sens, la seule ma-

    forcer de rapporter, ce n’est certes pas n’avoir qu’une valeur négative. (Note du trad.)