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Mais nous avons vu que sa métaphysique n’est pas faite ainsi, et que non-seulement il n’admet pas de science objective ou de philosophie qui reproduise l’ordre des choses, sans un fondement psychologique, mais qu’il ne reconnaît pas cette science elle-même, et qu’il n’y arrive ni par voie psychologique ni par aucune autre. Si donc, à notre tour, nous autres Allemands, nous ne pouvons approuver sa manière de commencer la philosophie, ce n’est pas que nous ne reconnaissions en aucun sens le besoin de l’expérience, ou que nous refusions d’admettre que toute philosophie relève individuellement de l’expérience. Dès la première ligne de sa Critique, Kant déclare que toute connaissance procède de l’expérience ; et si l’on avait demandé à ce philosophe ou à tout autre défenseur des idées a priori, comment il avait appris l’existence de ces idées, il aurait répondu, sans aucun doute c’est par l’expérience ; car si nous n’avions pas le sentiment de l’universalité et de la nécessité, dont ces idées sont revêtues dans notre conscience, nous ne pourrions les distinguer de celles qui sont dépourvues de ces caractères. Ainsi l’assertion, qu’il est impossible de fonder la philosophie autrement que sur l’expérience, est superflue à l’égard de la philosophie allemande, et ce n’est pas du tout sur ce point que devra porter la discussion.

La différence qui nous sépare de M. Cousin, ce