Voici, en effet, comment en 1816 Hégel s’exprimait en ouvrant son cours d’histoire de la philosophie à Heidelberg : « Nous verrons que dans les autres contrées de l’Europe où les sciences sont cultivées avec zèle et autorité, il ne s’est plus conservé de la philosophie que le nom ; que tout souvenir, que l’idée même en a péri et qu’elle n’existe plus que chez la nation allemande. Nous avons reçu de la nature la mission d’être les conservateurs de ce feu sacré, comme aux Eumolpides d’Athènes avait été confiée la conservation des mystères d’Éleusis, aux habitans de Samothrace celle d’un culte plus pur et plus élevé ; de même que plus anciennement encore l’esprit universel avait donné au peuple juif la conscience que ce serait de lui qu’il sortirait renouvelé.[1] »
II résulte du coup d’œil rapide que nous avons jeté sur les dernières révolutions des sciences philosophiques, qu’à aucune autre époque la pensée européenne n’a présenté une aussi grande diversité que de nos jours ; que jamais elle n’a été aussi différente d’elle-même ; que plus elle
- ↑ Vorlesungen über die Geschichte der Philosophie, t I, p.4.
