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tant d’hypothèses, tant d’énigmes, tant d’obscurités, était si mal présenté, que le premier seul pouvait paraître vrai, et que toute métaphysique qui prétendait aller au-delà de la sensation dut être reléguée parmi les doctrines surannées et les tentatives chimériques.

La philosophie française au dix-huitième siècle, toute pratique dans ses intentions, toute de bon sens et terre à terre dans les pamphlets de Voltaire, toute politique et sociale dans Montesquieu et J. J. Rousseau, toute négative et démolissante dans Helvétius et le Système de la nature, dut mépriser la théorie, la recherche désintéressée de la vérité, les discussions qui ne présentaient pas un résultat immédiat ou une application directe.

C’est ainsi qu’il arriva que, jusqu’à la restauration, on ne tint presque aucun compte en France des tuyaux philosophiques de l’étranger. On fit peu d’attention à l’excellent ouvrage que Charles Villers publia sur Kant, en 1801 et quand, dans les dernières années de l’empire, M. Royer-Collard fît connaître à Paris la philosophie de Reid, au moment même où elle commençait à être attaquée à Édimbourg, ce fut presque une révélation pour la France.