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Que dirons-nous de l’Espagne, dont les universités conservèrent invariable, jusqu’à là résolution, l’enseignement de la philosophie scolastique, et que malgré la célébrité universelle de Cervantes et les imitations de Corneille et de Lesage, ses institutions et sa décadence séparaient du reste de l’Europe plus que les Pyrénées ?

Le Napolitain Vico, qui connaissait Bacon et Descartes, ne fut apprécié hors de l’Italie que depuis que Goethe appela sur lui l’attention du monde savant, et ses idées si originales, si fécondes, demeurèrent en dehors du mouvement des esprits au dix-huitième siècle.

Les Français, depuis qu’ils avaient abandonné Descartes et Port-Royal pour la philosophie de Bacon et de Locke, que Condillac simplifia encore, ne prirent plus nul souci d’étudier les systèmes étrangers. Le grand Leibnitz et le grand Frédéric n’avaient-ils pas écrit dans leur langue qui se parlait partout, à toutes les cours, dans toutes les villes, dans tous les châteaux ? Pourquoi se seraient-ils donné la peine d’apprendre les langues des autres nations ? D’ailleurs le sensualisme était si clair, si facile pour tous, si simple ajoutons si parfaitement exposé ; le système contraire offrait