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nèrent plus de force et d’empire, et contribuèrent puissamment à le rendre plus productif et plus indélébile.

Toutefois, long-temps encore les productions de la philosophie se ressentirent peu de son influence, alors même qu’elle consentait à s’exprimer dans un idiome moderne. Au dix-septième siècle, Bacon et Campanella, Hobbès et Spinosa, Gassendi et Descartes, presque aussitôt après la publication de leurs ouvrages, étaient connus, compris, approuvés ou réfutés dans toute l’Europe savante, sans porter le moindre préjudice aux diverses nationalités et sans qu’aucune véritable originalité en souffrît. Plus tard encore Locke, Clarke, Leibnitz, Newton, Bayle se connaissaient, s’écrivaient, cherchaient à s’entendre, et en se combattant rendaient plus de service à la science, que si chacun s’était renfermé dans la solitude de sa pensée ou dans les limites étroites de son pays. Grâce à l’universalité de la langue française, qui avait heureusement remplacé le latin, et qui forçait les idées à se produire avec une universelle clarté, l’Europe philosophique, malgré une grande variété d’efforts et beaucoup d’originalité, put marcher d’un pas égal vers ses destinées futures.