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classique vint retremper l’esprit européen, et que la philosophie se préparait à reprendre toute son indépendance, en se nourrissant des idées de Platon et du véritable Aristote, le mouvement commença géographiquement en Italie ; mais bientôt toute l’Europe occidentale et centrale y prit part, et la résistance, comme le progrès, fut de tous les pays. C’était dans l’intérêt de le même cause, sans presque aucune teinte de nationalité, que combattirent le Toscan Ange Politien, le Romain Laurent Valla l’Allemand Ulric de Hutten, Érasme de Rotterdam, son ami Louis Vivès de Valence, et l’infortuné Ramus.

Cependant, sans parler de la grande scission religieuse qui, au seizième siècle, partagea l’Europe, les divisions politiques, long-temps peu arrêtées, se consolidèrent de plus en plus, et les langues dites vulgaires, les langues véritables se formèrent. C’est alors seulement que le génie national put se montrer dans les œuvres de l’esprit et leur imprimer son cachet particulier. Le Dante et l’Arioste, Gamoëns et Cervantes, Rabelais et Montaigne, Luther et Hans Sachs, Shakspeare et Milton, profondément empreints, du caractère de leurs nations respectives, lui don-