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que leur excellence. Car, dans la nature modèle ou en Dieu, les choses, n’étant point soumises aux conditions du temps, y sont nécessairement d’une beauté et d’une magnificence incomparables. La terre, par exemple, qui a été faite n’est point la véritable terre ; mais une image de la terre incréée qui, n’ayant point eu de commencement, n’aura jamais de fin. Or, l’idée de la terre contient aussi les idées de toutes les choses qui y sont renfermées, ou qui y parviennent à l’existence.

Sur la terre, il ne se trouve pas un homme, pas un animal, une plante, une pierre qui, dans l’art vivant et la sagesse de la nature, n’ait beaucoup plus d’éclat et de magnificence que dans la copie morte du monde créé. Or, comme cette vie modèle des choses n’a jamais commencé, qu’elle ne finira jamais, et que son image, au contraire, est forcée, par sa nature particulière, de naître et de finir sous l’empire du temps et des conditions, il nous faut bien reconnaître que, si l’existence éternelle ne peut rien renfermer d’incomplet et de défectueux, l’existence temporelle,