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est néanmoins toujours subordonné au principe éternel de la matière qui embrasse tout.

Il y a une lumière qui brille en toutes choses et une force de gravité qui, d’un côté, enseigne aux corps à remplir l’espace, et qui, de l’autre, donne la consistance et l’être aux productions de la pensée ; la première c’est le jour, la seconde c’est la nuit de la matière.

Si ce jour est infini, cette nuit l’est également. Dans cette vie universelle, aucune forme ne naît extérieurement ; chaque œuvre y est le produit inséparable d’un art intérieur et vivant. Il n’y a qu’un destin pour toutes choses, qu’une vie, qu’une mort ; nulle chose ne devance l’autre ; il n’y a qu’un monde, qu’une plante, dont tout ce qui est, forme les feuilles, les fleurs et les fruits, chaque chose différant, non par l’essence, mais par le degré de puissance ; il n’y a qu’un univers enfin, par rapport auquel tout est d’une magnificence et d’une beauté vraiment divine, incréé en soi, et, comme l’unité elle-même, éternel et impérissable.

Comme en tout temps l’univers demeure en-