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mathématiques et leur place dans le système général de la science.

Les mathématiques étant une expression des lois absolues de la raison, s’élèvent au-dessus des sciences ordinaires, où domine le point de vue inférieur de l’enchaînement successif des causes et des effets. De plus, cette science, qui a pour objet l’identité rationnelle pure et une forme de l’absolu, est elle-même absolue ; elle a son but en soi. Éminemment libérale, elle doit être cultivée en elle-même et pour elle-même, indépendamment de ses applications.

Schelling blâme l’astronomie moderne d’avoir transformé ses lois mathématiques qui, à ce titre, sont absolues, en lois empiriques, et d’avoir subordonné la théorie à l’expérience, substitué au point de vue idéal le point de vue mécanique. Dans les mathématiques qui expriment le type de la raison universelle, les lois de la nature se résolvent dans celles de la raison, dont les rapports mathématiques sont le reflet. Les mathématiques et la science de la nature sont donc une seule et même science considérée sous deux faces différentes. Les nombres sont les symboles des lois de la nature.

Aujourd’hui, la clé de ces symboles est perdue, Euclide la possédait encore. Les anciens avaient, sur ce point, des idées plus vraies et plus profondes que les modernes ; Schelling voudrait donc que les mathématiques fussent cultivées et étudiées dans cet esprit, qui fut celui des grands géomètres de l’antiquité, et