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tions plus apparentes que réelles, et qui, mieux connues y rentrent dans la règle et la confirment. Si ces exemples étaient suivis, nous aurions moins de savants qui ignorent les premiers éléments des sciences, moins de littérateurs qu’il faudrait renvoyer à l’école, moins d’esprits originaux qui trouvent plus commode d’inventer que d’apprendre, moins de critiques habitués à juger sans connaître, et aussi peut-être moins d’ambitions déçues qui mènent si souvent à une fin déplorable.

Quant aux maîtres chargés d’enseigner en public, ils doivent se garder de nourrir cette disposition dans la jeunesse, éviter le double écueil de viser à la popularité par une exposition superficielle et agréable, ou d’affûter une profondeur ennuyeuse qui se traîne péniblement sur les détails et les formules arides. Ce qui convient, c’est un enseignement à la fois solide et vivant, où le fond ne soit pas sacrifié à la forme ni la forme à une lourde et pédantesque érudition. En effet, enseigner, comme apprendre, renferme ces deux point de vue qui jamais ne doivent se séparer. Apprendre, dans le vrai sens, ce n’est pas enregistrer dans sa mémoire des faits ou des idées, c’est en saisir l’esprit et s’en approprier la forme par l’exercice. Si l’exercice, cette partie essentielle de l’étude, porte principalement sur la forme, qu’on n’oublie pas que celle-ci importe au fond comme le fond à la forme, qui, sans lui, reste vide. Dans toute science et dans tout art, il est un mode d’expression qui convient à l’idée,