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sur une petite échelle, de leurs théories sur l’État et la société. Tous ces plans de réforme aboutissent à unr modèle de constitution académique. C’est leur République de Platon ; l’image de la société parfaite ; « l’aristocratie dans le sens le plus noble » ; l’aristocratie de l’intelligence. « Les meilleurs doivent y dominer, » Schelling, en particulier, ne pouvait manquer de chercher l’équation du fait et du droit, de l’idéal et du réel, dans cette région, selon lui, étrangère aux intérêts et aux passions qui troublent le monde social et l’empêcheront toujours d’atteindre à l’exactitude et à la pureté de sa formule. — Comme lui, faisons des vœux pour que cette politique soit aussi en vigueur dans nos établissements scientifiques, qu’elle les rende florissants, leur donne autant de dignité qu’il est possible au-dedans, et de considération au-dehors.

Mais, s’il faut le dire, nous sommes loin de partager ces illusions. Une société parfaite de savants nous parait un rêve aussi difficile à réaliser que la République de Platon. Une pareille association n’est-elle pas toujours une réunion d’hommes, et la nature humaine n’est-elle pas partout la même ? Outre les passions qui tiennent à l’humanité, les savants n’ont-ils pas les leurs propres ? De plus, ne sont-ils pas de leur temps ? Que sera-ce donc quand les vices et les abus d’une société caractérisée par l’affaiblissement des croyances et le relâchement des mœurs, viendront à franchir le seuil des académies et à pénétrer jusque dans le sanctuaire de la science ? Schelling