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plaignent de ce qu’il n’en est pas toujours ainsi, disant la vérité sans s’en douter ; car l’une et l’autre sont indépendantes ; mais cette indépendance est la condition même de leur harmonie. Toutes deux expriment à leur manière, par une face différente, le principe éternel des choses. C’est en vain que l’on chercherait la véritable liberté dans l’action séparée de la connaissance du vrai, comme la sagesse sans l’action, l’une et l’autre isolées de la vérité et de la cause première. — Cette explication n’est pas nouvelle ; sauf peut-être quelques différences dans la forme, c’est celle de tous les grands philosophes et des théologiens les plus illustres. On la trouve dans Platon et dans Aristote. Toute une série des dialogues de Platon (Protagoras, Ménon, Charmide), ont pour but de démontrer que la vertu ne peut être séparée de la science, que toutes les vertus ont leur source dans l’idée du bien, qui seule gouverne l’homme et produit en lui des actions conformes à la raison et à l’ordre. Il va même jusqu’à identifier le courage, la tempérance, la justice avec la science. Il soutient que la vertu réside essentiellement dans la connaissance du bien et qu’on ne pèche que par ignorance. L’identité de la science et la moralité est une des bases de la philosophie platonicienne. Si elle offre d’ailleurs une tendance trop contemplative, que l’on interroge le génie plus positif et plus pratique d’Aristote, on verra que tout en faisant la part plus large à l’action, lui qui fait résider la vertu dans l’habitude (ἕξις), il se