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suffisance, Schelling en ajoute une autre plus claire et où l’on retrouve la pensée de tous les grands philosophes qui ont traité ce sujet.

L’opposition que l’on prétend établir entre la pratique et la spéculation vient d’une manière étroite d’envisager les choses. Si l’on remonte, en effet, à la source première d’où découlent tout savoir et toute actionnée qui, dans le monde réel, parait divisé, opposé, contradictoire, se concilie, s’harmonise et s’identifie. Dans Dieu, la science et l’action, la puissance et la sagesse, la liberté et la nécessité, loin de s’opposer et de se contredire s’unissent et sont identiques. Ainsi, dans leur principe et leur essence, le savoir et l’action ne sont ni séparés ni distincts. Ce sont deux faces, deux formes indépendantes d’un seul et même principe ; et le préjugé qui les oppose disparaît dès qu’on se reporte à leur origine. Aussi, voit-on que ceux qui font de la science le moyen, de l’action le but, n’ont puisé l’idée de la première que dans les actions et les affaires de la vie commune ; ils ne mesurent l’importance et la dignité de la science que par son utilité pratique. Pour eux, la philosophie se réduit à la morale ; les sciences physiques et mathématiques n’ont de valeur qu’autant qu’elles s’appliquent aux arts industriels, à l’architecture, à la navigation et à l’art militaire. Tel est le langage des esprits superficiels : ils répètent des propositions banales sur l’accord de la science et de la pratique, l’action devant toujours être la conséquence du savoir. Ils se