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dans la pensée de l’auteur et les vues de détail qui n’ont qu’un lien indirect ou fort éloigné avec ses principes, doit être mis de côté, sous peine d’engendrer la confusion, de nuire à l’unité, à la clarté du plan. Or, souvent un philosophe n’a pas moins déployé d’invention, de fécondité, de génie dans ses pensées éparses et ses vues détachées, que dans la construction de son système. C’est le propre des grands esprits de semer les idées partout où ils laissent la trace de leurs pas, de déposer des germes féconds pour l’avenir, dans quelque coin ignoré, loin des champs de la spéculation. lisez les moindres écrits de Platon, d’Aristote et de Leibnitz. Là, peut-être, sont les idées qui survivront au système, ou dont un autre système doit éclore. Là, ordinairement, lorsqu’ailleurs la pensée mal éclose s’enfantait péniblement, ou s’embarrassait dans ses langes en s’efforçant, pour exprimer des idées nouvelles, de créer une terminologie nouvelle, là, vous trouverez le grand écrivain. Nous n’admettons pas que l’on puisse être un esprit éminent, même comme métaphysicien, et constamment un écrivain médiocre. Le style et la pensée, la forme et le fond se tiennent trop étroitement pour qu’après avoir fait quelque temps divorce et s’être long-temps inutilement cherchés dans les esprits créateurs, ils ne finissent pas par se rencontrer et s’harmoniser quelque part. C’est dans ces sortes d’écrits que vous retrouverez leur alliance.

Tels sont les motifs qui ont décidé notre choix