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tres peut suppléer, jusqu’à un certain degrés à l’absence originelle de cette force objective ; mais il n’en résulte qu’une poésie factice et superficielle et qui contraste par là avec l’insondable profondeur que le véritable artiste communique à son œuvre par une spontanéité involontaire, quoique la réflexion la plus attentive y préside, et que ni lui, ni personne ne peut pénétrer entièrement. D’autres caractères distinguent le produit où l’art domine exclusivement, par exemple, le prix immense qui y est attaché à la partie purement mécanique de l’art, la pauvreté de la forme où il se meut, etc.

La conséquence naturelle est que ni la poésie, ni l’art isolés ne peuvent produire rien de parfait ; que, par conséquent, l’identité qui ne peut être que primitivement étant absolument impossible à la liberté et au-dessus de sa portée, la perfection ne peut être atteinte que par le génie, qui est ainsi à l’esthétique ce que le moi est à la philosophie, le réel suprême et absolu qui ne devient jamais objectif, mais qui est la cause de tout objectif.

Caractères de l’œuvre d’art.

1o L’œuvre d’art nous réfléchit l’identité de l’activité qui a conscience et de l’activité inconsciente. Mais l’opposition de ces deux activités est infinie, et elle est détruite sans que la liberté y ait part. Le caractère fondamental de l’œuvre d’art est donc un infini