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effets, et qu’ensuite on explique les effets par les causes que l’on a faites soi-même, il est naturel, puisque les expériences s’étendent tous les jours, que ces causes présupposées deviennent aux yeux de tous insuffisantes, qu’on leur attribue toujours de nouvelles propriétés qui contredisent les anciennes ; de sorte que, finalement, cela devenant insupportable, on jette alors le fardeau et l’on se décide à errer pendant quelque temps dans le monde, sans théorie, jusqu’à ce que, soit par désespoir, soit pour se donner un nouvel amusement, on invente une autre théorie tout aussi malencontreuse que la précédente.

Il ne peut y avoir ou se former de vraies théories que celles qui se construisent à priori ; car si les principes sont certains en eux-mêmes et n’ont nullement besoin, pour être établis, de l’expérience, ils jouissent d’une parfaite universalité ; et puisque la nature ne peut contredire la raison, ils s’appliquent à tous les phénomènes possibles, que ceux-ci soient connus ou ne le soient pas, qu’ils soient manifestés maintenant ou dans la suite. Dans de telles théories, il n’y a pas de place à proprement parler, pour les explications. Il n’y a d’explications que là où l’on remonte du phénomène à la cause, où la cause est déterminée après l’effet, en un mot, dans le domaine de l’empirisme, mais non là où l’on déduit l’effet de la cause indépendante et absolue. Ici des constructions sont seules possibles. L’idée d’une explication des phénomènes de la nature doit donc disparaître entièrement de la vraie