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plupart des physiciens voient la misère de ces théories. Ils ont extrait de ces théories les lieux communs dont ils se servent contre nous et qui déjà, depuis long-temps, deviennent indiciblement ennuyeux à entendre. Ce qui fait que, comme ils n’ont aucune idée d’une théorie, ils ne savent pas que toutes ces prétendues théories ne sont nullement des théories, ou, que si elles le sont, les nôtres en sont précisément le contraire. Ils en sont toujours au temps de Descartes, d’Euler, etc. Jusques à quand débitera-t-on toutes ces vieilleries, depuis long-temps dignes de l’oubli ? S’ils veulent comparer nos travaux, pourquoi ne les comparent-ils pas aux anciens physiciens grecs, de beaucoup plus dignes, mais dont, malheureusement, il ne nous est resté que des fragments.

Que ce qu’ils appellent théorie porte au plus haut degré préjudice à la véritable science ; nous le savons très-bien, et peut-être mieux qu’eux sur bien des points. Toutes ces théories sont contraires à l’expérience, qui sont abstraites de l’expérience, qui ne connaissent pas les causes en soi, indépendamment des expériences qu’elles doivent servir à expliquer. Car, là où il en est ainsi, que fait on ? On met d’abord dans les principes tout ce qui est suffisant pour expliquer les expériences déjà connues. On invente alors des causes et on les dispose précisément de la manière dont on veut les employer ensuite. Sans parler du cercle éternel dans lequel route cette explication, puisque d’abord on déduit les causes des