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union ? Nous arrivons ici au problême le plus élevé de la philosophie transcendantale que nous avons déjà indiqué, mais sans le résoudre.

La liberté doit être nécessité ; la nécessité, liberté. Mais la nécessité, en opposition à la liberté, est ce qui est sans conscience ; ce qui est sans conscience en moi, est involontaire ; ce qui est conscience, existe en moi par ma volonté.

La nécessité doit être dans la liberté. Cela signifie : Par ma liberté, et tandis que je crois agir librement, doit se produire, sans que j’en aie la conscience, c’est-à-dire sans ma participation, quelque chose que je ne prévois pas ; ou, en d’autres termes, à l’activité consciente, à cette activité qui se détermine librement, que nous avons déjà déduite, doit être opposée une activité inconsciente, par laquelle, à la manifestation la plus illimitée de la liberté, vient s’adjoindre, sans que l’auteur de l’action y prenne garde, sans qu’il le veuille le moins du monde, et peut-être même contre sa volonté, un résultat qu’il n’aurait jamais pu réaliser par sa volonté. Quelque paradoxale qu’elle puisse paraître, cette proposition n’est autre chose que l’expression transcendantale du rapport généralement admis et supposé entre la liberté et une nécessité mystérieuse, appelée tantôt destin, tantôt providence, sans que l’une ou l’autre de ces expressions présente à la pensée une signification claire, — rapport en vertu duquel, par leur activité libre, et pourtant contre leur volonté, les hommes doivent