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tement aucun argument en faveur de la perfectibilité infinie de l’espèce humaine, puisque ceux qui la nient pourraient soutenir, avec autant de raison, que l’homme n’a pas plus d’histoire que la bête, et qu’il est éternellement dans le même cercle d’actions, où il se meut sans cesse comme Ixion au tour de sa roue, en des oscillations continuelles, se trouvant toujours ramené par des déviations apparentes de la ligne droite, au point d’où il était parti. On doit d’autant moins s’attendre sur cette question à un résultat raisonnable, que ceux qui se laissent entraîner pour ou contre, sont dans la plus grande erreur sur la nature du progrès. Les uns ne considèrent que l’avancement moral de l’humanité, dont nous désirerions bien posséder la mesure ; les autres, son avancement dans les arts et les sciences, qui, au point de vue historique (pratique), suivent plutôt une marche rétrograde ou anti-historique, à l’égard de laquelle nous pouvons nous en référer à l’exemple des nations classiques, les Grecs et les Romains. Si l’unique objet de l’histoire est la réalisation successive de la constitution de droit, il ne nous reste, comme mesure de l’avancement de l’esprit humain, que l’approximation successive de ce but, dont l’accomplissement définitif ne saurait être prouvé, ni par l’expérience, telle qu’elle s’est développée jusqu’à présent, ni théoriquement, à priori, et ne sera jamais qu’un article de foi éternel de l’homme, dans le monde de l’action.