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qui est proprement la description de la nature), mais de la nature produisante. Comment considérerions-nous la nature dans une histoire de ce genre ? Nous la verrions disposer et conserver ses productions de diverses manières, avec la môme somme ou la même proportion de forces qu’elle ne pourrait jamais dépasser ; nous la considérerions, par conséquent, dans ces productions, comme en liberté, mais non cependant comme étant dans une indépendance absolue de toute loi.

La nature deviendrait donc l’objet de l’histoire, d’un côté, par la manifestation de la liberté dans ses productions, parce que nous ne pourrions pas déterminer à priori les directions de son activité productive, quoique ses directions eussent, sans doute, leur loi déterminée ; et, de l’autre côté, par la limitation et la régularité posées en elle, par la proportion des forces mises à sa disposition. D’où il est évident que l’histoire n’existe, ni avec une régularité absolue, ni avec une liberté absolue ; mais qu’elle n’est que là où un idéal est réalisé dans des dérivations infiniment nombreuses ; de telle sorte que, non le détail, mais l’ensemble, s’accorde avec lui.

Or, la réalisation successive d’un idéal où le progrès ne suffit à achever l’intuition intellectuelle de l’idéal que dans son ensemble, ne peut être regardée comme possible qu’au moyen d’êtres formant une espèce, parce que l’individu, précisément parce qu’il est individu, est incapable d’atteindre à l’idéal.