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ne repose donc pas sur l’émulation des pouvoirs opposés, moyen de sûreté superficielle que l’on a imaginé ; elle dépendra du bon vouloir de ceux qui ont en main le pouvoir le plus élevé. Mais rien de ce qui touche à la sûreté du droit ne doit dépendre du hasard. On ne pourrait rendre l’existence harmonique de cette constitution indépendante du bon vouloir, que par une coërcition dont évidemment le principe ne peut se trouver dans la constitution, parce qu’il y aurait nécessairement alors un quatrième pouvoir auquel on donnerait la force en main, ce qui en ferait un pouvoir exécutif, ou qu’on laisserait impuissant ; et, dans ce cas, son action dépendrait du simple hasard. Si le peuple, en effet, avait le droit de résistance armée, l’insurrection serait inévitable, et l’insurrection doit être aussi impossible dans une bonne constitution que dans une machine.

Il ne faut donc considérer comme sûre l’existence d’aucune constitution parfaite en théorie, si au-dessus de l’État particulier ne domine une organisation, une fédération de tous les États se garantissant réciproquement leurs constitutions respectives. Cette garantie générale et réciproque n’est pas possible ; premièrement, avant que les principes de la vraie constitution de droit ne soient universellement répandus, de sorte que tous les États particuliers n’aient d’autre intérêt que de conserver la constitution de chacun d’eux ; et, secondement, avant que les États ne se soient soumis à une seule loi commune, comme