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qui mettent sous les yeux de l’ame le néant de tout ce qui est terrestre, et qui, en l’ébranlant fortement ; lui laissent entrevoir l’Être seul vrai, appartiennent à ce cercle. Lorsque le rapport au corps a été détruit jusqu’à un certain point, l’ame commence au moins à rêver, c’est-à-dire à percevoir les images d’un monde non-réel, mais idéal. Le second degré pouvait, par conséquent, être celui où l’histoire et les destinées de l’univers étaient représentées d’une manière figurée, et surtout par une action. Car, s’il est vrai que l’épopée ne reflète que le fini, et que l’infini, dans toutes ses manifestations, lui soit étranger, au contraire, la tragédie esotérique est l’expression propre de la moralité publique. Aussi, la forme dramatique est la plus convenable pour les représentations ésotériques des doctrines religieuses. Ceux qui, d’eux-mêmes, savaient pénétrer à travers cette enveloppe jusqu’au sens du symbole, et ceux qui, par la modération, la sagesse, l’empire sur eux-mêmes, par leurs dispositions naturelles, s’étaient mis en possession de l’invisible, devaient passer à un parfait réveil dans une autre vie, et voir, comme autoptes, la vérité pure, telle qu’elle est, sans figures. Quant à ceux qui parvenaient à ce degré avant les autres, ils devaient être les premiers magistrats de l’État, et aucun de ceux qui n’avaient pas passé par cette suprême initiation ne pouvait être mis au même rang qu’eux ; car les destinées de l’espèce entière se révélaient à eux dans cette dernière manifestation. Dans le même