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Des Mystères de l’antiquité.

Si, d’après le modèle de l’univers, l’État est divisé en deux sphères ou classes d’êtres, celle des êtres libres qui représentent les idées, et celle des êtres non libres qui représentent les choses concrètes et sensibles, l’ordre le plus élevée le rang suprême, reste encore non rempli par chacun d’eux. Les idées, par cela même que les choses sont leurs instruments ou leurs organes, passent dans le monde visible ; elles y entrent comme âmes. Mais Dieu, l’unité suprême, reste au-dessus de toute réalité. Son rapport éternel avec la nature n’est qu’un rapport indirect. Si donc l’État représente, dans l’ordre moral le plus élevé, une seconde nature, le divin ne peut jamais être avec lui que dans un rapport idéal et indirect, mais non dans un rapport réel.

La religion, dès-lors, dans l’État le plus parfait, pour se maintenir elle-même dans une idéalité pure et invariable, ne peut exister autrement que comme ésotérique, ou sous la forme de mystères.

Veut-on, cependant, qu’elle ait aussi un côté exotérique et public ? on le trouvera dans la mythologie, la poésie et l’art d’une nation. La religion, proprement dite, en vertu de son caractère idéal, renonce à la publicité et se retire dans la sainte obscurité du mystère. L’opposition dans laquelle elle est avec la religion exotérique, ne fera préjudice ni à elle-même