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doit ensuite, sans doute, poser en loi que les esprits originaux seuls y trouvent place, ceux qui, dans la philosophie, traitent les choses à fond, nullement celui qui a entrepris la tâche mercenaire de confirmer des opinions antérieurement adoptées, par de nouvelles preuves, de donner d’anciennes erreurs sous un nouvel aspect, grâce à des subtilités philosophiques. Il s’entend aussi de soi-même que d’une telle histoire sont exclues ces prétendues philosophies qui se forment extérieurement et fragmentairement par un entassement sans ordre, non par un principe intérieur et suivant des lois organiques. Sans doute, il doit y avoir dans la raison humaine même un point qui réunisse et concilie tous les points extrêmes de notre science. Mais ce point ne peut être trouvé par des combinaisons arbitraires qui ne doivent leur origine qu’à des associations d’idées, à la convenance ou au caprice d’un chef de doctrine. De ce procédé, en effet, ne naissent que des rapsodies, dans lesquelles, à la vérité, les doctrines les plus diverses des philosophes anciens et modernes sont juxta-posées sans se combattre, mais aussi sans s’accorder ; car elles ne se contredisent qu’autant qu’un point commun les réunit toutes, et réciproquement.

(extrait du Journal philosophique de Fichte et de Niethammer, 1797.)
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