Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/507

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ni plus grand ni moindre que celui de tel autre ; — Ou l’on est impartial envers les systèmes philosophiques, parce qu’on les considère tous ensemble comme se rapprochant d’un idéal commun, parce qu’on voit dans tous la même raison, les mêmes problèmes, le même germe d’un système futur, qui, élevé au-dessus de tous les partis et de tous les systèmes particuliers, leur fournira peut-être à tous la preuve surprenante qu’ils avaient tous également raison, également tort, qu’ils étaient également vrais, également faux.

Tant que l’on s’en tient à la lettre et aux formules des systèmes, on ne voit, en effet, dans les contradictions entre les diverses théories, qu’une suite de controverses inutiles et dignes de pitié sur des mots et sur des idées vides ; et l’on est, dès-lors, disposé à dédaigner la philosophie en général comme un vain aliment aux disputes des écoles, et à accorder un mérite parfaitement égal aux opinions les plus diverses et les plus contradictoires. Mais, si l’on pénètre jusqu’à l’esprit des différents systèmes, on voit bientôt que les vrais philosophes ont été, au fond, aussi d’accord entre eux que les mathématiciens, tout en conservant leur originalité à un degré qui n’était pas possible chez ces derniers. De sorte que, dès-lors, il n’y aurait plus que les philosophes de l’esprit et les philosophes de la lettre, ou, pour mieux dire, les philosophes sans esprit, qui fussent divisés entre eux ; de sorte que, quelque tranchant et absolu que puisse paraître ce jugement, en définitive, ce n’est pas sur