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tuelle ou de la raison est quelque chose sur quoi aucun doute n’est élevé, et aucune explication n’est trouvée nécessaire. Elle est ce qui est présupposé sans aucune condition, et elle ne peut, sous ce rapport, s’appeler jamais un postulat de la philosophie.

On pourrait, en quelque sorte, s’adresser à son sujet les questions qui, dans Platon, se posent au sujet de la vertu : Peut-elle ou non s’enseigner ? Ne peut-elle s’acquérir ni par l’éducation ni par une pratique assidue ? Est-elle innée dans l’homme, et lui est-elle communiquée comme un don des dieux ?

Qu’elle ne soit nullement quelque chose qui puisse s’enseigner, cela est évident. Toute tentative de renseigner est par conséquent, dans la philosophie scientifique, parfaitement inutile ; et toutes ces introductions qui servent de préparation nécessaire à la philosophie, les expositions préliminaires, etc., ne peuvent trouver place dans la science proprement dite.

Il ne s’agit pas, non plus, de comprendre pourquoi la philosophie est précisément, sous un rapport particulier, réduite ainsi à l’impuissance. Il convient plutôt de se frayer vigoureusement un accès jusqu’à elle, et de s’isoler de tous les côtés du savoir commun, à tel point qu’aucun chemin, aucun sentier, ne puisse conduire de lui à elle. Ici commence la philosophie. Que celui qui n’en est pas encore là, ou a peur de ce point, reste à l’écart ou fuie en arrière.

L’intuition intellectuelle, non passagère mais con-