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dans la fusion intime de tous les éléments de la poésie et de l’art, se manifeste ainsi extérieurement d’une manière parfaite. Cette œuvre divine n’est ni plastique, ni pittoresque, ni musicale ; elle est tout cela en même temps et dans une parfaite harmonie. Elle n’est ni dramatique, ni épique, ni lyrique ; mais elle est de ces genres une combinaison entièrement originale, unique, sans exemple.

Je crois avoir montré, en même temps, que ce poëme est la prophétie et le premier modèle de la poésie moderne tout entière. Il en renferme tous les caractères ; il est la première plante qui, née de l’heureux mélange de tous ses éléments, ait ombragé la terre de ses rameaux et porté sa tête au ciel ; il est le premier fruit de sa transfiguration. Ceux qui veulent apprendre à connaître la poésie qui s’est développée plus tard, non d’après des idées superficielles, mais dans sa source, peuvent s’exercer sur ce grand et sévère génie, afin de savoir par quels moyens il a embrassé la totalité de l’art moderne, et s’assurer qu’aucun nœud aussi facilement formé n’en a mieux lié toutes les parties. Ceux qui ne se sentent pas appelés à cette étude peuvent aussi s’appliquer ces mots du commencement de la première partie :

« Vous qui entrez, laissez toute espérance. »


FIN.