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substance, sans couleur, de la divinité elle-même. La conception du système du monde, revêtue, à l’époque du poète, d’une dignité mythologique, l’opinion sur la nature des étoiles et la mesure de leur mouvement, sont le principe qui sert de base à ses inventions dans cette partie du poëme. Et si, dans cette sphère de l’absolu, il y a encore place pour des degrés et des différences, il les efface par cette belle parole qu’il fait dire à une des ames jumelles qu’il rencontre dans la lune : « Que chaque point du ciel est le paradis. »

Le plan du poëme exigeait que les plus hautes questions de la théologie fussent traitées précisément dans le paradis. La haute vénération pour cette science est exprimée par l’amour pour Béatrice. Or, à mesure que la contemplation s’absorbe dans l’universel pur, il est nécessaire que la poésie se change en musique, que la forme s’efface, et, sous ce rapport, l’enfer doit paraître la partie la plus poétique. Mais il ne faut ici rien prendre séparément. L’excellence propre de chaque partie n’est conservée et ne se comprend que par son rapport avec le tout. Quand on a saisi le rapport des trois parties dans l’ensemble, on reconnaît comme nécessaire que le paradis soit la partie musicale et lyrique, même dans l’intention du poète, qui l’exprime aussi dans les formes extérieures, par l’emploi plus fréquent des mots latins empruntés aux hymnes de l’église.

La grandeur admirable du poëme, qui apparaît