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Ainsi, le poëme de Dante, par quelque côté qu’on l’envisage, n’est nullement une œuvre particulière d’une époque particulière, d’un degré particulier de civilisation ; il a tous les caractères d’un premier type par son universalité, qui se combine avec l’individualité la plus absolue, par sa compréhensibilité, en vertu de laquelle il n’exclut aucun côté de la vie et de la culture de l’esprit humain, par sa forme enfin, qui n’est pas un type particulier, mais qui est celui du système général de l’univers.

La structure intérieure du poëme dans ses détails ne peut, sans doute, pas avoir ce caractère d’universalité, puisqu’elle est formée d’après les idées du temps et les vues particulières du poète. Mais le type intérieur, en ce qu’il a de général, comme on doit l’attendre d’une composition pleine d’art et entièrement réfléchie, est aussi extérieurement symbolisé par la forme, la couleur et le ton qui dominent dans les trois grandes parties du poëme.

A cause de ce qu’il y a d’extraordinaire dans son sujet, Dante avait besoin, quant à la forme de ses inventions, de s’appuyer, dans les détails, sur une sorte de croyance religieuse que la science du temps pouvait seule lui donner, cette science qui est pour le poète comme une mythologie et la base générale qui supporte l’édifice hardi de ses inventions. Mais, même dans les détails, il reste entièrement fidèle à son dessein d’être allégorique, sans cesser pour cela d’être historique et poétique. L’enfer, le purgatoire et le pa-