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— Mais l’expression, la représentation de l’histoire n’était pas le dernier but du peintre ; l’histoire n’était pour lui qu’un simple moyen pour atteindre son dernier but : la beauté sous des formes variées. » — « Les nouveaux peintres représentent le moyen comme s’il était le but ; ils peignent des histoires pour peindre des histoires, sans songer qu’ils font ainsi de leur art un auxiliaire de tel ou tel autre art, de telle ou telle autre science, ou, au moins, qu’ils se mettent à leur service d’une manière si absolue que leur art perd entièrement, par là, la valeur d’un art primitif. » — « L’expression de la beauté corporelle est la destination de la peinture. » — « La plus haute beauté corporel le est donc sa plus haute destination , etc. » (Pensées et opinions de Lessing, recueillies par Frédéric Schlegel, 1re  part., p. 292.)

Qu’un esprit analytique comme Lessing ait pu admettre l’idée d’une beauté purement corporelle et s’y arrêter, cela se comprend. A la rigueur, on conçoit encore comment il a pu se persuader que la représentation de la beauté corporelle multiple, comme but de la peinture d’histoire, étant écartée, celle-ci n’a plus d’autre objet que de traduire l’histoire en images. Mais, si l’on persiste à faire accorder ces opinions de Lessing avec la doctrine de Winckelmann, telle qu’elle est en particulier renfermée dans l’Histoire de l’art (les Monumenti inediti ont été écrits pour les Italiens, et n’ont pas la même valeur authentique que l’histoire de l’art) ; si, en particulier, il faut admettre, comme étant l’opinion de Winckelmann, que la représentation des actions et des passions, en un mot, que le genre le plus élevé dans la peinture n’a été inventé que pour montrer en elle la beauté corporelle sous des formes variées, l’auteur confesse ne rien comprendre de Winckelmann et n’y avoir jamais rien compris, il sera toujours intéressant de comparer le Laocoon comme ce qui a été pensé de plus spirituel sur l’art, dans le sens dont il a été parlé plus haut,