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sait comment s’importent les idées, comment ces voyageuses ailées traversent les frontières, sans se laisser plus arrêter par les cordons sanitaires de la littérature négative, que par les montagnes et les fleuves ; avec quelle facilité elles changent de costume et se métamorphosent ; par quelles portes cachées elles pénètrent dans les esprits les plus en garde contre elles, les surprennent, s’y logent, les dominent et les obsèdent quand ils réagissent, se débattent, et luttent contre elles, ou enfin, prennent la plume pour les réfuter, il n’y a là ni vision ni subtil paradoxe, mais un fait général, dont l’application au cas particulier pourrait se démontrer par l’analyse des principales productions des arts et de la littérature actuels. Ce serait le sujet d’un travail piquant auquel ne manquerait même pas tout-à-fait le sérieux, mais qui ne peut trouver ici sa place.

En résumé, ces systèmes ont au moins un avantage très grand, décisif à nos yeux, sur tous ceux dont on peut contester l’existence ou qui ont été, c’est d’être ; c’est de renfermer la dernière solution que la raison ait donnée aux questions qui l’intéressent souverainement et se mêlent, à notre insu, même à nos débats journaliers où elles paraissent le plus étrangères.

À ce titre, comme représentant le dernier grand effort de l’esprit humain pour atteindre à la solution de ces problêmes, ils exercent une influence générale, universelle ; ils continueront de l’exercer jusqu’à