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l’obscur et produire ses effets presque avec la pure lumière.

Quand même il serait permis à la peinture, à cause de son caractère particulier, d’incliner vers la représentation de l’âme, il n’en serait pas moins vrai que la science et l’éducation n’auraient rien de mieux à faire que de ramener, sans cesse, à ce milieu primitif dont il a été parlé plus haut, et d’où seulement l’art peut toujours être renouvelé ; tandis qu’autrement, il doit toujours s’arrêter immobile sur son dernier degré de développement, ou dégénérer en une manière étroite. Car, cette haute souffrance elle-même contredit l’idée d’une nature dans la plénitude de sa force, ce dont l’art est appelé à montrer l’image dans tout son éclat. Toujours un sens droit aimera à voir une nature dignement réprésentée, même par son côté individuel et dans sa plus haute indépendance ; il y a plus, la divinité abaisserait, avec complaisance, ses regards sur une créature qui, douée d’une âme pure, maintiendrait la noblesse de sa nature en déployant son énergie au dehors et en développant sa force sur la scène du monde sensible.

Nous avons vu comment, après être parti des degrés inférieurs de la nature (5), l’œuvre d’art, venant à se développer, commence par la détermination et la précision des formes, déploie ensuite sa fécondité, sa richesse infinie, se transfigure dans la grâce et atteint finalement à l’expression de l’âme. Mais ce