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poëme héroïque de la nature et de l’histoire ? Ici, l’individu compte à peine pour lui-même. Le tout prend sa place y et ce qui ne serait pas beau en soi, le devient par l’harmonie de l’ensemble. Supposez que, dans une des grandes compositions de la peinture, qui lie ses figures par la perspective, par la distribution de la lumière et des ombres, la plus haute mesure de la beauté soit appliquée partout, de là naîtra l’uniformité la plus anti-naturelle, puisque, comme le dit Winckelmann, la plus haute idée de la beauté est partout la même et permet peu de déviations. La partie serait alors préférée au tout, au lieu qu’en général, là où le tout nait d’une pluralité, la partie doit lui être subordonnée. Par conséquent, dans un pareil ouvrage, les gradations de la beauté doivent être observées ; ce qui seul peut faire ressortir la parfaite beauté placée dans un point central ; et d’une inégalité dans les parties nait l’équilibre dans le tout. Ici le faux caractéristique trouve aussi sa place. Au moins la théorie, au lieu d’enfermer le peintre dans l’espace étroit qui réunit et concentre toute beauté, aurait-elle dû lui proposer pour modèle la multiplicité caractéristique de la nature, par laquelle seule il peut donnera une grande composition la plénitude et la richesse qui caractérisent la vie. Ainsi pensait, parmi les fondateurs de l’art moderne, l’illustre Léonard, ainsi, le maître de la plus haute beauté, Raphaël, qui ne craignait pas de représenter celle-ci dans une mesure inférieure, plutôt que de paraître