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de l’homme, distribue aussi les caractères et les empreintes avec une diversité inépuisable, d’engager le combat, non lâchement et mollement, mais avec énergie et courageusement. L’habitude continuelle de s’exercer à reconnaître le caractère propre des choses et à distinguer leur côté positif, doit le préserver du vide, de la faiblesse, de la nullité intérieure, en attendant qu’il puisse oser, par une plus savante harmonie et par une fusion définitive des formes diverses, essayer d’atteindre à la beauté la plus parfaite, dans des représentations d’une haute simplicité, malgré la richesse infinie du fond qu’elles expriment.

C’est seulement par la perfection de la forme que la forme peut être anéantie ; et c’est là, sans contredit, dans le caractéristique, le but suprême de l’art. Mais s’il est vrai, en général, que l’harmonie apparente, à laquelle les esprits superficiels parviennent plus facilement que d’autres, est cependant nulle intérieurement, il en est de même, dans l’art, de l’harmonie extérieure, à laquelle on parvient vite et qui cache la pauvreté du fond. Et, si la science et l’éducation doivent combattre une imitation mécanique des belles formes, elles doivent aussi et surtout, combattre la tendance à un genre mignard et sans caractère, qui se donne à la vérité les plus beaux noms, mais ne cache par là que l’impuissance à remplir les conditions fondamentales de l’art.

Cette beauté supérieure, dans laquelle la perfection de la forme fait disparaître la forme elle-même,