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s’est-il élevé à côté du sien ? Depuis 1841, date déjà vieille du discours dont ces paroles sont extraites, a-t-il été prononcé, soit à Berlin, soit dans quelque autre des nombreux foyers de la science germanique, un de ces mots significatifs qui ferment une école et en ouvrent une autre, et qui s’inscrivent en tête d’une nouvelle page de l’histoire de la philosophie ? Non, que nous sachions. Aussi Schelling a essuyé le feu de cette critique railleuse et impuissante sans en paraître beaucoup ému ; et aujourd’hui il parle de ses adversaires plus dédaigneusement que jamais[1]. La philosophie allemande ou se tait ou se livre à des travaux de détail plus ou moins estimables, mais sans portée. Ou elle attaque, raille et nie, s’enveloppant elle-même dans les négations de son voltairianisme anti-national (s’il ne doit être qualifié plus sévèrement), anachronisme dont riraient à coup sûr les contemporains du grand Frédéric.

Que les ennemis de la philosophie ne se hâtent pourtant pas de triompher de l’abaissement où celle-ci est tombée dans un pays où elle fut si long-temps florissante. Bien qu’affaiblie et divisée, son action est encore toute-puissante. Elle règne par son esprit, sinon par la lettre, et surtout par les habitudes auxquelles elle a façonné les intelligences pendant la longue période de sa domination incontestée. Sans parler d’une foule de disciples avoués et de partisans

  1. Voyez sa préface aux écrits posthumes de Steffens, 1846.