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opposé, mais le milieu vivant n’avait pas encore été trouvé.

Qui pourrait dire que Winckelmann ne connût pas la plus haute beauté ? Mais elle apparut chez lui seulement dans ses éléments séparés, d’un côté comme beauté qui consiste dans l’idée abstraite et qui découle de l’ame ; de l’autre, comme la beauté des formes. Quel lien actif et vivant les réunit ensemble ? ou, si l’on veut, par quelle force l’âme est-elle créée en même temps que le corps, d’un seul jet et comme par un souffle unique ? Si cela n’est pas au pouvoir de l’art, aussi bien que de la nature, il ne peut rien créer. Winckelmann n’a pas déterminé cet intermédiaire vivant. Il n’a pas enseigné comment les formes peuvent être engendrées par l’idée. C’est ainsi que l’art passa à une méthode que nous pouvons appeler rétrograde, parce qu’elle part de la forme pour arriver à l’essence. On n’atteint pas l’absolu de cette manière. Ce n’est pas en élevant le conditionnel à sa plus haute puissance qu’on trouve l’inconditionnel. Aussi, de pareils ouvrages qui ont leur point de départ dans la forme, malgré toute la perfection de cette dernière, trahissent, comme signe distinctif de leur origine, un vide qui ne peut être rempli, là même où nous attendons le parfait, le vrai, la suprême beauté. Le prodige par lequel le relatif doit être élevé à l’absolu, la nature humaine devenir quelque chose de divin, reste à accomplir. Le cercle magique est tracé, mais l’esprit qui devait s’y mon-