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d’exercer la même violence à l’égard de ses disciples ?(1) »

La nature n’était pas seulement pour eux une image muette et dont la bouche ne rendit jamais une parole vivante ; c’était un squelette de formes vides dont la copie, également vide, devait être transportée sur la toile ou sculptée sur la pierre. C’était là précisément la doctrine de ces anciens peuples grossiers qui, ne voyant rien de divin dans la nature, lui empruntaient des idoles, tandis que, pour le peuple intelligent des Hellènes, qui voyaient partout des traces d’une force active et vivante, de véritables divinités sortaient du sein de la nature.

Ensuite, le disciple de la nature doit-il tout imiter en elle, et tout dans toutes ses parties ? Il doit seulement reproduire les objets beaux et encore de ceux-ci seulement le beau et le parfait. C’est ainsi que le principe se détermine d’une manière plus précise. Mais, en même temps, on prétend que, dans la nature, l’imparfait est mêlé avec le parfait, le laid avec le beau. Comment donc celui qui n’a d’autre rapport avec la nature que celui de l’imiter servilement doit-il distinguer l’un de l’autre ? La coutume des imitateurs, c’est de s’approprier les fautes de leurs modèles plutôt et plus facilement que ses beautés, parce que les premiers offrent plus de prises, des caractères plus saillants, plus saisissables. Aussi voyons-nous que, dans ce sens, les imitateurs de la nature imitent plus souvent le laid que le beau et ont même pour le premier