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trôné ; il l’est par les moyens et de la manière que nous avons indiqués plus haut. Ses savantes et rigoureuses analyses subsistent et subsisteront toujours ; mais son système est tombé ; il est entré dans le domaine de l’histoire. Vainement, quelques rares et obscurs partisans cherchent-ils à le relever et à le ressusciter. Reste donc la philosophie de Schelling et de Hegel. Son règne est-il fini ? Nous ne répéterons pas ce que nous avons dit, et nous ne voulons pas entrer dans plus de détails. La question est très-simple et peut se résoudre en deux mots : Oui, leur règne a cessé si l’on nous montre le système qui leur a succédé ; non, si ce système n’existe pas. En Allemagne, en France, chez toute autre nation de l’Europe, nous ne voyons personne à qui, indépendamment des prétentions souvent ridicules de secte et d’école, on puisse, sans hésitation, accorder le titre de fondateur d’un système nouveau, et qui soit en état d’en supporter les onéreuses conditions. C’est parce que ce système n’existe pas, et que personne ne peut en nommer l’auteur, qu’il y a quelques années, celui de ces deux philosophes, qui vit encore aujourd’hui et qui fut le créateur de ce mouvement, déjà vieux, et après un silence de vingt-cinq ans, a pu, en prenant possession de la chaire occupée peu d’années auparavant par son rival, prononcer ces paroles avec un sentiment d’orgueil et une ironie mal déguisés : « L’homme qui, après avoir tout fait pour la philosophie, trouvait plus convenable de laisser à d’autres la liberté