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détails, conduit naturellement à déterminer les formes que lui ont imposées les conditions du temps, et par conséquent à systématiser aussi son développement historique. La parfaite possibilité d’un tel système et son extension à l’histoire entière de l’art, n’est plus douteuse depuis que le dualisme universel, qui se manifeste dans l’opposition de l’art ancien et de l’art moderne, a été exposé, même dans le domaine de l’art, et qu’il a été soutenu de la manière la plus remarquable, en partie par l’organe de la poésie elle-même, en partie par la critique. Comme toute construction philosophique est, en général, une destruction des contraires, et que les oppositions qui, par rapport à l’art, naissent de la dépendance où il est du temps, sont, comme le temps lui-même, non essentielles, mais simplement extérieures, là construction historique doit consister dans la représentation de l’unité générale d’où les oppositions sont sorties, et s’élever, par là, au-dessus d’elles, à un point de vue plus compréhensif.

Une pareille construction philosophique de l’art n’a sans doute rien de commun avec ce qui, jusqu’à ce jour, a existé sous le nom d’Esthétique, de théorie des beaux-arts, de science du beau, ou de quelque autre que ce soit. Dans les principes les plus généraux du premier auteur de cette dénomination, il y avait au moins encore la trace de l’idée du beau, considérée comme l’archétype qui se manifeste dans le monde des images et des formes visibles. Depuis ce moment cette idée