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l’unité du réel et de l’idéal, qui étant en soi le repos absolu, n’est déterminé extérieurement à l’action que par un dédoublement de lui-même. Comme le principe de toute activité dans la nature est un, est l’être présent partout, affranchi de toute relation, absolu par rapport à chaque chose, les différentes activités ne peuvent se distinguer les unes des autres que par la forme, puisque chacune, dans son espèce, est la même que toute autre. Ce qui fait l’unité de la nature ce n’est pas qu’un phénomène dépende d’un autre, mais que tous découlent d’un principe commun.

Cette conception même, où l’empirisme a pressenti la vérité, savoir : que tout dans la nature s’accorde par l’harmonie préétablie de toutes choses et qu’aucune existence n’en change ou n’en modifie une autre, si ce n’est par l’intermédiaire de la substance universelle, cette idée, dis-je, fut à son tour comprise dans le sens mécanique et réduite à l’insignifiance d’une action à distance (dans l’acception que cette expression a chez Newton et ses successeurs).

Comme la matière n’avait en elle aucun principe de vie et qu’on voulait s’épargner d’admettre une action de l’esprit sur elle, pour expliquer les phénomènes de l’ordre le plus élevé, du mouvement spontané et autres semblables, on adopta alors, pour les phénomènes les plus élémentaires, quelque chose en dehors d’elle, mais qui ne devait être encore que matière, qui, par la négation de ses principales propriétés, telles que la pesanteur, se rapprocherait de