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La construction historique du christianisme, à cause de cette universalité de son idée, ne peut être conçue sans la construction religieuse de l’histoire tout entière. Elle ressemble, par conséquent, aussi peu à ce qui jusqu’ici a été appelé histoire générale de la religion (et où il ne s’agit de rien moins que de religion) qu’aux histoires partielles de la religion chrétienne et de l’Église.

Une pareille construction n’est déjà en soi possible qu’au point de vue supérieur qui s’élève au-dessus de l’enchaînement empirique des choses. Elle ne peut donc se passer de la philosophie, qui est le véritable organe de la théologie comme science, où sont exposées les plus hautes idées de l’essence divine, de la nature comme instrument, et de l’histoire comme manifestation de Dieu. Personne ne confondra, sans doute, ce que nous soutenons au sujet du sens spéculatif des principales doctrines de la théologie avec les opinions de Kant, dont la pensée finale ne tend à rien moins qu’à écarter complètement le côté positif et historique du christianisme, et à proclamer une religion de la raison pure. La vraie religion de la raison consiste à comprendre qu’il n’existe en général que deux manifestations de la religion : la religion réelle de la nature, qui est nécessairement le polythéisme au sens des Grecs, et celle qui, entièrement morale, contemple Dieu dans l’histoire. Dans l’explication kantienne il ne s’agit nullement d’un sens spéculatif.