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de Proclus a aussi son idée qui fit un choix entre tous les systèmes de la philosophie grecque et les doctrines religieuses de l’Orient et de la Grèce. Leibnitz résume et dépasse Descartes en substituant partout l’idée de la force à celle de la substance. Kant reproduit à la fois le point de vue de Socrate et de Descartes, en lui donnant plus de rigueur, d’étendue et de profondeur. Kant a été dépassé ; c’est probablement aussi que ses successeurs avaient quelque idée nouvelle qui leur a permis, non seulement de critiquer son système, mais de lui donner une place dans le leur. Si donc vous êtes en possession de quelque semblable idée, montrez-la ; n’en faites pas mystère, et qu’elle se nomme enfin ; car, quand elle existe, son nom est bientôt trouvé. Du reste, remettez-vous en à elle du soin qui vous préoccupe de démêler et de choisir, parmi les œuvres des philosophes anciens et modernes, ce qu’elles ont de bon et de rejeter les erreurs qui s’y mêlent à la vérité. Elle sera plus habile et plus clairvoyante que vous. Elle sera comme la force qui préside à l’organisation de la plante et du corps humain. Si elle vous manque, c’est en vain que vous interrogerez tous les systèmes passés ou présents pour en extraire des vérités et les combiner. Les combiner ! vous ne le tenterez pas même, vous resterez éternellement dans l’embarras du choix.

Enfin, pour achever cette longue prémisse, il ne suffit pas sur tout cela de professer à peu près toutes ces maximes. Ce qu’il faut, c’est de les appliquer. Il est inutile de faire des promesses que l’avenir se chargera