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Avec le christianisme devait, pour la même raison, aussi changer le rapport tout entier de la nature et du monde idéal. Si, dans le paganisme, la nature était le révélé, tandis que le monde idéal se cachait comme un mystère, dans le christianisme, au contraire, à proportion même que le monde idéal se révélait, la nature devait se retirer comme quelque chose de mystérieux. Pour les Grecs, la nature était immédiatement et en elle-même divine, parce que leurs divinités n’étaient pas en dehors d’elle ni au-dessus d’elle. Elle fut fermée pour le monde moderne, parce que celui ci ne la conçoit pas en elle-même, mais comme simple image du monde invisible et spirituel. Aussi les manifestations les plus vivantes de la nature, telles que les phénomènes de l’électricité et les transformations chimiques des corps, étaient à peine connues des anciens, ou au moins n’excitaient pas parmi eux l’enthousiasme général avec lesquelles elles ont été reçues dans le monde moderne. La plus haute religiosité qui s’exprime dans le mysticisme chrétien regardait le mystère de la nature et celui de l’incarnation de Dieu comme également incompréhensibles.

J’ai déjà montré ailleurs (dans le Système de l’Idéalisme transcendental) que nous devons admettre, en général, trois périodes dans l’histoire : celle de la nature, celle du destin et celle de la providence. Ces trois idées expriment la même identité, mais de différentes manières. Le destin est aussi la providence,