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du christianisme. C’est ce dont nous pouvons déjà parfaitement nous convaincre en comparant celui-ci spécialement avec la religion grecque. — Si je ne remonte pas plus haut, si je ne parle pas en particulier de la religion indienne, c’est qu’elle ne forme, sous ce rapport, aucune opposition avec le christianisme, sans toutefois, à mon avis, s’accorder avec lui. Faire ici un parallèle complet, c’est ce que ne permettent pas les limites nécessaires de cette recherche ; nous ne pouvons que l’indiquer en passant. — La mythologie grecque formait un monde complet de symboles destinés à exprimer des idées qui ne pouvaient être contemplées que personnifiées dans des dieux. Le caractère essentiel et constitutif de chaque divinité en particulier, comme de ce monde divin dans son ensemble, c’est de réunir à la fois le côté purement fini et limité de l’existence et le côté absolu, indivisible. L’infini fut alors contemplé seulement dans le fini, et, de cette façon, subordonné au fini lui-même. Les dieux étaient simplement des êtres d’une nature supérieure, des figures fixes, invariables. Tout autre est le caractère d’une religion qui conçoit immédiatement l’infini en soi, dans laquelle le fini n’est pas regardé comme symbole de l’infini, mais n’en est qu’une simple allégorie, en un mot, lui est complètement subordonné et n’attire pas l’attention sur lui-même. L’ensemble des représentations, qui dans une pareille religion doivent revêtir les idées d’une forme sensible, est nécessairement lui-même quelque chose d’infini.