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jectivité, jusqu’au point de nier entièrement la réalité de l’absolu, tel était le premier pas qui pouvait être fait dans la restauration de la philosophie, et qui a été réellement fait par ce qu’on appelle la Philosophie critique. L’idéalisme de la Doctrine de la science[1] a consommé ensuite ce mouvement philosophique. Le dualisme n’a pas encore, il est vrai, disparu dans ce système ; mais l’infini ou l’absolu, dans le sens du dogmatisme, a été détruit d’une manière plus positive et avec la dernière racine de réalité qu’il conservait encore. Comme l’être en soi, il devait être quelque chose d’absolument objectif, placé complètement en dehors du moi. Or, c’est ce qui ne peut se concevoir, puisque précisément se poser ainsi en dehors du moi, c’est se poser en même temps pour le moi, et par conséquent aussi dans le moi. Tel est le cercle éternel et insoluble de la réflexion, tel qu’il a été parfaitement démontré par la doctrine de la science. L’idée de l’absolu est rentrée dans la subjectivité, qui la refermait nécessairement, en vertu de la direction suivie par la philosophie moderne et à laquelle elle avait, en apparence, échappé par un dogmatisme qui se méconnaissait lui-même ; elle y est rentrée, dis je, par cela même qu’elle est reconnue comme une réalité qui n’existe que dans l’action et pour l’action. On

  1. De Fichte (C.B.)