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sortir de cette séparation. Elle aussi doit partir de l’identité de l’âme et du corps dans toutes les existences ; de sorte qu’entre la physique et la psychologie, on ne doit concevoir aucune réelle opposition. Mais, quand même on devrait accorder qu’il y en a une, on ne pourrait pas comprendre comment, dans cette opposition, la psychologie pourrait, plutôt que la physique, remplacer la philosophie.

Puisque la psychologie connaît l’âme non dans l’idée, mais selon le mode phénoménal, et seulement en opposition avec ce avec quoi elle est identique dans l’idée, sa tendance nécessaire est de tout subordonner dans l’homme à une relation causale, de ne rien admettre qui vienne immédiatement de l’absolu ou de l’essence, et de rabaisser à ce niveau tout ce qui est élevé, tout ce qui sort de la ligne commune. Les grands faits du temps passé, soumis au scalpel psychologique, apparaissent comme le résultat naturel de quelques motifs parfaitement faciles à comprendre. Les idées de la philosophie s’expliquent par plusieurs illusions psychologiques très-grossières. Les œuvres des anciens grands maîtres de l’art apparaissent comme le produit du jeu naturel de quelques facultés particulières de l’âme ; et si, par exemple, Shakespeare est un grand poète, c’est à cause de sa parfaite connaissance du cœur humain et de sa psychologie d’ailleurs très-fine. Un des principaux résultats de cette doctrine, c’est le système de nivellement général des facultés. A quoi faut-il attribuer ce