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sent regardé comme vrai, qu’on leur laisse ignorer même l’insuffisance de ce qui existe, qu’elles doivent être embaumées comme des momies spirituelles, c’est ce que, du moins, quant à moi, je ne comprends pas.

Maintenant, pour pouvoir seulement aborder les autres sciences, il faut avoir puisé l’idée de la vérité dans la philosophie ; et certes chacun se livrera à l’étude d’une science avec un intérêt d’autant plus grand qu’il y apportera plus d’idées. C’est ainsi que, moi-même, depuis que j’enseigne ici, j’ai vu naître, par l’influence de la philosophie, une ardeur générale pour toutes les parties de la science de la nature. Ceux qui savent si bien déclamer sur le mal que fait la philosophie à la jeunesse se trouvent dans l’un des deux cas suivants : Ou ils se sont procurés réellement la connaissance de la philosophie ou non. Généralement parlant, ils sont dans le dernier. Comment donc peuvent-ils juger ? Sont-ils dans le premier ? ils doivent au moins à l’étude de la philosophie de voir qu’elle est inutile, comme on a coutume de dire de Socrate, qu’il était au moins redevable à la science de savoir qu’il ne savait rien. Ils devraient cependant abandonner en partie à d’autres cet avantage, et ne pas désirer qu’on les croie sur parole, puisque l’expérience de chacun en dira toujours plus là-dessus que ce qu’ils peuvent affirmer. Ajoutez à cela que, sans cette connaissance, leur spirituelle polémique contre la philosophie serait inintelligible pour la jeunesse, et que leurs plaisanteries, quoiqu’elles ne soient pas d’une